Trouver le bon psy: 5 questions essentielles à se poser

par adm
Comment bien choisir son psy ? 5 questions à se poser pour trouver le bon thérapeute

Chaque futur patient se pose cinq questions de base. Pour mieux les comprendre, nous avons écouté les expériences de nos lecteurs et recueilli les conseils de Sylvie Angel, psychiatre.

Vous avez décidé de consulter un psy ! Mais lequel choisir ? Comment trouver le psy qui vous convient ? Comment être sûr de ne pas tomber sur un charlatan ?

Nous avons posé la question à nos lecteurs qui, dans ce domaine, ont une expérience à partager. Avec les commentaires de la psychiatre Sylvie Angel, auteure de Comment bien choisir son psy.

Où trouver son psy ?

« Pour mon premier psy, j’ai ouvert les Pages jaunes, raconte Nicole. Psychanalystes, psychiatres, psychologues : comme je ne connaissais pas leur spécificité, j’ai procédé par élimination. Un psychanalyste ? Je ne voulais pas en prendre pour dix ans. Un psychiatre ? Je n’étais pas folle, je voulais juste comprendre ce qui m’arrivait. J’ai choisi une psychologue. J’avais pris pour seul critère le fait qu’elle exerce dans mon quartier. Le premier contact a été très mauvais. Manifestement, elle avait des problèmes personnels à régler. Je n’y suis pas retournée. Et j’ai mis des mois avant d’en consulter un autre. »

L’avis de Sylvie Angel : « Pour trouver un psy, il est important de commencer par demander conseil. D’abord pour démêler, dans le foisonnement des thérapies, le type de cure adapté à votre problématique. Ensuite pour trouver le psy qui, par son expérience et sa personnalité, vous correspondra le mieux en fonction de vos difficultés et de vos attentes. Evitez l’anonymat des Pages jaunes. Vous pouvez, par exemple, vous adresser à votre généraliste qui vous connaît bien et qui a l’habitude d’adresser ses patients à des psys. Il saura vous en recommander un. »

Pour vous aider à bien choisir le professionnel qui vous accompagnera dans cette aventure très personnelle, Psychologies a mis au point l »annuaire MonPsy, qui recense des psys (psychologues, psychothérapeutes, psychopraticiens…) reconnus par les principales organisations représentatives de la profession et/ou diplômés d’Etat.

Peut-on consulter le psy d’un ami ou d’un parent ?

« Quand j’ai été licencié, je suis allé voir le psy de mon ami François, explique Antoine. Quelques mois après, je suis tombé amoureux de Nathalie, une jeune femme que François m’avait présentée. J’en parlais beaucoup lors de mes séances. En bon thérapeute, le psy restait sur sa réserve, mais je sentais bien que cet engouement pour la jeune femme l’agaçait. Un beau jour, François m’a appris qu’il emménageait avec Nathalie. Quel choc. Mon psy, qui recevait toujours François, le savait forcément. Il avait respecté le secret professionnel, mais je me suis senti trahi, ridiculisé. »

L’avis de Sylvie Ange l : « Consulter le psy d’un ami présente des avantages certains : ça évite de prospecter et cet ami peut se porter garant des compétences de son thérapeute. Mais le cas d’Antoine illustre bien la position dans laquelle un psy se trouve si deux de ses patients se connaissent : il peut être piégé dans un conflit de loyauté qui menace son devoir de secret professionnel. C’est encore plus délicat quand un psy reçoit séparément deux membres d’une même famille. Si aucune indication de thérapie familiale ou de couple n’a été posée, il doit refuser de le faire. Mais vous pouvez consulter le psy d’un ami ou d’un parent pour un entretien d’évaluation. Selon votre problématique, il vous orientera vers un confrère. »

Faut-il choisir un psy homme ou femme ?

« A 17 ans, je suis devenue anorexique, raconte Aline. On m’a proposé une psychothérapie. J’ai insisté pour être suivie par un homme. Je crois que j’espérais le séduire pour le convaincre que j’allais bien et m’éviter une difficile introspection. C’était un bon psy, il n’a pas été dupe et nous avons travaillé deux ans ensemble. Après avoir vaincu mon anorexie, j’ai commencé une nouvelle analyse, cette fois avec une femme, sans doute pour me réconcilier avec ma féminité. Que mon premier psy ait été un homme et le second une femme, ça a compté pour moi sur le moment. Mais au fond, ce qui m’a vraiment aidée, c’est qu’ils connaissaient bien, tous les deux, le problème de l’anorexie. »

L’avis de Sylvie Angel : « Choisir un homme ou une femme n’est pas important. Des études montrent que les femmes, lorsqu’elles ont des problèmes de fécondité, préfèrent en parler à des femmes, tandis que les hommes préfèrent s’ouvrir de leurs difficultés sexuelles à des hommes. Ça ne veut pas dire que les hommes thérapeutes ne peuvent rien comprendre aux problèmes des femmes et réciproquement. Si vous avez plus confiance en l’un ou l’autre, écoutez-vous. Votre thérapie se déroulera d’autant mieux si elle ne débute pas sur une préférence contrariée. Petit à petit, vous serez amené à explorer les motifs inconscients de votre choix. Vous vous apercevrez sûrement que c’est avant tout le professionnalisme du thérapeute qui compte. »

Quelles questions poser lors de la première séance ?

« A la première séance, j’ai déballé mon sac, se souvient Renée, puis le psy m’a dit : “C’est 60 € la séance, deux fois par semaine.” J’ai accepté sans broncher. Mais je ne pouvais pas assumer une telle dépense. Après plusieurs semaines, je lui en ai parlé. Il m’a demandé combien je pensais devoir le payer et à quelle fréquence je désirais le voir. Nous avons discuté, négocié. Avec le recul, j’ai réalisé que je n’avais posé aucune question à la première séance. Et mon psy avait bien compris ma problématique : je m’en étais totalement remise à lui comme j’avais l’habitude de m’en remettre aux autres, au point de me perdre. En m’imposant un tarif et un rythme, il m’invitait à réagir, à m’approprier ma cure. »

L’avis de Sylvie Angel : « Le premier entretien est une évaluation. Le psy tente de comprendre les grandes lignes de votre problème pour poser des indications thérapeutiques : psychanalyse, thérapie comportementale, familiale… De votre côté, vous devez aussi lui poser des questions. Vérifiez ses compétences : sa formation, à quelle école il appartient, etc. Faites-vous exposer les modalités de la cure : tarif, fréquence, cadre (face à face, divan, exercices). Il doit pouvoir expliquer sa démarche honnêtement. Gardez votre sens critique en éveil, mais méfiez-vous de vos projections : les reproches que vous lui adressez sont peut-être les signes d’une résistance à vous engager dans une thérapie. Et si vous ne le “sentez” pas lors de ce premier entretien, n’hésitez pas à en consulter un autre. »

Comment savoir si mon psy me convient ?

« Je traversais une grave crise conjugale. Déboussolée, déprimée, j’ai décidé de consulter un psy. Durant plusieurs séances, il m’a écoutée attentivement, ponctuant mon récit de commentaires “amicaux” : “Il est gonflé d’avoir dit ça ! Vous auriez dû répondre ceci. J’espère que vous êtes partie en claquant la porte”, etc. Il était plutôt sympathique et je me sentais comprise. Puis il s’est mis à me donner des conseils directs. “Dans tel cas, ne lui répondez pas. Dans tel autre, sortez dîner avec une amie.” Des comportements que je n’arrivais pas à appliquer. Je culpabilisais, je me sentais de plus en plus mal à l’aise et n’arrivais plus à penser par moi-même. Quand je me suis aperçue que j’interrompais toute discussion avec mon mari pour en parler à mon psy et recueillir son avis, j’ai tout arrêté. Il s’était écoulé six mois. »

L’avis de Sylvie Angel : « Méfiez-vous des psys qui vous entraînent dans une relation de dépendance : le but d’une thérapie est de vous conduire à plus d’autonomie dans la gestion de votre souffrance. Pour savoir si votre psy vous convient, fiez-vous à ce que vous ressentez. La sympathie que vous éprouvez pour lui est un critère important, mais pas suffisant. On peut avoir de la sympathie pour des charlatans. Vous devez avoir le sentiment que votre psy vous écoute vraiment et que vous progressez. Attention à ceux qui vous font croire aux miracles. Les psys ne peuvent garantir ni le résultat de la cure ni sa durée, qui dépendent en grande partie de votre engagement, de votre motivation et de votre difficulté, sauf pour les thérapies centrées sur un symptôme spécifique – phobie, obsession. Fuyez les psys qui sortent de leur cadre professionnel – par une invitation à dîner par exemple – ou qui enfreignent le code de déontologie : secret professionnel, respect de votre anonymat, de votre intégrité physique et sexuelle… »

Quel psy dans quelle structure ?

Faut-il consulter son psy en privé ou en public ? En fonction du type de structure :

Privé : Vous pouvez consulter : des psychiatres – médecins spécialisés en psychiatrie, ils sont habilités à prescrire des traitements médicamenteux (consultations remboursées par la Sécurité sociale) ; des psychologues – titulaires d’un 3e cycle en psychologie, ils exercent une activité de soutien ; des psychanalystes – ils pratiquent la cure psychanalytique après une psychanalyse personnelle approfondie ; des psychothérapeutes ; des psychopraticiens.

Public : Vous pouvez consulter des psychiatres ou des psychologues dans : les services psychiatriques des hôpitaux ; les CMP, centres médico-psychologiques (adresses dans les mairies) ; les Bapu, bureaux d’aide psychologique universitaire pour étudiants (consultations gratuites).

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