Cas de Pascale: Une révélation en thérapie
Prise de conscience, révélation, déclic… Une lectrice ou un lecteur nous confie un moment clé de sa thérapie corps ou esprit. Ce mois-ci, Pascale, 45 ans.
« J’étais en thérapie depuis plus d’un an. Cela faisait longtemps que je luttais contre mon obésité et je dois reconnaître qu’elle avait remporté toutes les manches précédentes. J’avais l’intuition que je ne parviendrais pas à régler la question si je n’allais pas explorer mon rapport à ces kilos, si je ne creusais pas la question de la fonction du poids et de la nourriture dans mon histoire.
“Les kilos sont une carapace.” Je l’avais entendu souvent et depuis longtemps. Intellectuellement, je le comprenais, mais cela ne résonnait pas dans ma vie à moi. Une carapace pour me protéger de quoi ? J’ai grandi dans une famille aimante, je n’ai pas subi d’agression. Et surtout, je suis une femme forte ! Dans ma personnalité et la façon dont je me présente aux autres. Inconsciemment, il “fallait” donc que cela se voie physiquement : j’étais une “femme forte”, pour ne pas dire obèse…
Ce jour-là, lors de cette séance-là, ma psy ne m’a pas demandé de quoi je cherchais à me protéger, mais quel trésor je cherchais à protéger derrière mes kilos. J’ai été surprise de cette façon très inhabituelle d’envisager la question. C’est comme si sa question autorisait tout à coup la réponse, profondément enfouie, à émerger. C’est ma douceur qui a levé le bras et a répondu : “C’est moi ton trésor ! On me cache, mais je suis bien là.” J’ai physiquement ressenti que quelque chose de très archaïque, de très profondément ancré remontait à la surface. Je me suis connectée physiquement à cette part de moi.
La révélation de la douceur
J’ai alors pris conscience que ce trésor, c’était ma grande douceur. En un instant, j’ai réalisé que je privais les autres d’avoir accès à ma véritable personnalité. Que l’on pouvait être doux et fort en même temps. Que témoigner de sa douceur ne rendait ni faible ni vulnérable. J’ai senti que douceur et force se regardaient, se souriaient et se donnaient la main. Elles avaient fait la paix. Elles n’étaient plus dans une lutte pour savoir qui allait prendre le contrôle, mais avaient réalisé que s’unir me rendait plus complète, moins morcelée, moins tiraillée.
J’ai pris une claque. Je me rappelle la sensation que j’ai ressentie dans mon corps. Comme si les pièces se réorganisaient dans mon cerveau dans un ordre différent. C’était tout un système de croyances qui s’effondrait. Le décor qui tombait et laissait apparaître le beau paysage caché derrière. J’ai compris que je pouvais me montrer douce sans être vulnérable et fragile pour autant.
Depuis, je m’autorise à être douce, et même touchée. Je m’autorise à dire que je suis triste, que je me sens parfois seule, que j’ai besoin d’amour, qu’une situation me fait peur ou me met en colère… Je m’autorise à vivre mes émotions et à les partager. Je n’en parais pas plus faible, mais plus humaine.
Et comme cette carapace, non seulement m’encombrait, mais était devenue obsolète, j’ai entrepris des démarches pour une opération et j’ai perdu trente-cinq kilos. »
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