Prise de conscience et révélation
Éveil, illumination, déclenchement… Un lecteur ou une lectrice partage un moment clé de sa thérapie corporelle ou mentale. Ce mois-ci, Mathilde, 56 ans.
Un soir d’hiver bouleversant
« J’ai ressenti une explosion intérieure sans même m’y attendre. Une nuit d’hiver, la panique s’est emparée de moi et ne m’a plus quittée pendant six longues semaines. Six semaines de peur constante, avec l’impression imminente de mourir ! J’avais 32 ans et j’étais en thérapie depuis plusieurs mois ; j’ai choisi de comprendre ce qui m’arrivait au lieu de calmer mon angoisse explosive avec des médicaments.
Je me suis réfugiée chez ma meilleure amie où j’ai trouvé refuge pour me ressourcer. Ma thérapeute a été d’une grande aide : deux ou trois séances par semaine par téléphone pour m’aider à retrouver mon chemin dans ce dédale où je tentais de ne pas me perdre. Peu à peu, j’y ai vu plus clair. J’ai réalisé que mon corps entier me criait de m’arrêter. Je ne supportais plus ma vie, j’avais l’impression d’être déconnectée de moi-même et d’avancer vers une impasse. Il était temps de changer. Tout : le travail, la ville, les projets…
Quand j’ai pris conscience de cela, la panique s’est atténuée progressivement. Je savais que la prochaine étape était de rentrer chez moi et de reprendre mon travail, le temps d’organiser un grand bouleversement. Quand j’ai senti que j’étais prête, j’ai pris le chemin du retour, angoissée à l’idée de replonger dans la peur. Que tout bascule à nouveau. De devenir peut-être folle.
C’était extrêmement difficile d’affronter cela seule. Chaque soir, j’appelais ma chère amie (merci éternellement) pour lui parler jusqu’à m’endormir. Mais je rêvais d’avoir quelqu’un pour prendre soin de moi, ne serait-ce que quelques jours. C’est en discutant avec ma thérapeute que j’ai compris : j’avais besoin de ma mère.
J’avais pris mon indépendance très jeune, à peine 17 ans. J’avais de bonnes relations avec mes parents, mais je me débrouillais seule depuis longtemps. Il me semblait impossible de demander une telle faveur à ma mère. Encouragée par ma thérapeute, j’ai trouvé le courage de le faire : mon cœur battait la chamade quand je l’ai appelée. Je ne me souviens pas précisément de ce que je lui ai dit, mais je me rappelle de sa réponse : « Je ne peux pas laisser ton père. » Ils étaient jeunes retraités, en bonne santé, elle aurait pu s’absenter. J’ai encaissé cette réponse avec tristesse et colère. Quelques jours plus tard, elle m’a rappelée pour m’annoncer qu’elle partait en urgence s’occuper de sa sœur malade, qui habitait à quelques kilomètres de chez moi. Choc ! Pour sa sœur, elle pouvait « laisser » mon père…
Je savais qu’elle m’aimait. J’ai compris qu’elle n’était pas venue me materner non pas par choix, mais par contrainte. Au point de peut-être ne même pas pouvoir entendre ma demande. Cela a éclairé d’un autre jour toute mon enfance… À partir de ce jour-là, sans que cela n’entache mon amour pour elle, bien au contraire, j’ai arrêté d’attendre et de lui reprocher de ne pas me donner ce qu’elle ne pouvait pas me donner. Et je pense que c’est à partir de ce moment que ma nouvelle vie de femme a vraiment commencé. Libre. »
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