Pourquoi les relations hommes-femmes sont si complexes

par adm
Pourquoi ma relation avec les hommes est compliquée

À l’âge de 48 ans, Pauline fait le bilan de sa vie qui est plutôt satisfaisant dans l’ensemble. Cependant, une préoccupation persiste : sa relation complexe avec les hommes. Suite à une séparation avec le père de ses enfants après des violences conjugales, elle vit une relation tumultueuse avec un homme marié et bipolaire. C’est dans ce contexte qu’elle a décidé de consulter le psychiatre et psychanalyste Robert Neuburger pour discuter de la pertinence de suivre une thérapie.

« Plusieurs choses me préoccupent, explique Pauline, en particulier ma relation compliquée avec les hommes. Pour le reste, vie professionnelle et autre, je crois que je me suis toujours plutôt bien débrouillée.

Sommaire

Robert Neuburger : Avez-vous des enfants ?

Pauline : J’ai deux filles de 16 et 14 ans. Je suis séparée de leur père depuis huit ans.

Robert Neuburger : Que s’est-il passé ?

Pauline : Nous nous sommes rencontrés étudiants puis mariés. Nous avons eu des difficultés à concevoir un enfant malgré notre désir, cela nous a pris six ans. Au fil du temps, il est devenu jaloux et parfois violent. La situation s’est détériorée après la naissance de notre première fille. Après la seconde, nous nous sommes séparés. J’ai vécu un moment chez mes parents avec mes enfants, puis il est revenu avec de bonnes intentions. Cependant, sa jalousie a rapidement atteint des proportions paranoïaques, me mettant dans des situations dangereuses. J’ai finalement trouvé le courage de partir grâce à l’aide d’une amie, qui m’a soutenue pour divorcer.

Robert Neuburger : Vous êtes donc célibataire depuis 2010.

Pauline : Pas vraiment. Un an après notre séparation, j’ai rejoint un site de rencontres et j’ai rencontré deux ou trois hommes. Avec le troisième, j’ai vécu une passion intense, croyant avoir enfin trouvé le bonheur. Cependant, il était marié et n’a jamais envisagé de divorcer. Notre relation a été tumultueuse pendant trois ans, jusqu’à ce que je mette un terme à cette histoire. L’année suivante, j’ai décidé de mettre fin à ces rencontres en ligne et j’ai rencontré mon compagnon actuel chez des amis. Notre relation est empreinte d’amour, mais la bipolarité de mon partenaire rend les choses compliquées. Malgré une forme légère, ses sautes d’humeur créent des hauts et des bas dans notre relation. Au début, son installation chez moi a été difficile pour mes filles, qui refusaient son aide. Nous avons connu des moments intenses ainsi que des crises. Nous communiquons beaucoup et essayons d’avancer ensemble, mais récemment, des problèmes au travail l’ont déstabilisé, le poussant à être agressif verbalement envers moi. Nous avons pris une pause pour repartir sur de nouvelles bases, mais je suis perdue. J’aime cet homme mais je ne sais pas quelles limites poser. Est-ce acceptable ? Dois-je chercher une relation plus stable ? Les hommes qui m’attirent sont-ils toujours fragiles psychologiquement ? Tant de questions me tourmentent…

Robert Neuburger : À la maison, aviez-vous un rôle d’aidante par rapport à un frère ?

Pauline : Non, j’ai un frère mais nos relations sont bonnes, ma mère était très présente. Nous entretenons de bons rapports, même si mes parents vieillissent.

Robert Neuburger : Je me demandais d’où ça vous venait de vouloir aider les hommes…

Pauline : Je ne cherche pas à les sauver. Les hommes dont je vous ai parlé m’ont séduite intellectuellement et sensuellement. Ils partagent une sensibilité particulière. Cependant, la frontière entre sensibilité et fragilité est mince. La vulnérabilité de certains me rapproche d’eux.

Robert Neuburger : Je pense que vous créez un lien de confiance qui permet à l’autre de montrer une fragilité qu’il n’aurait peut-être pas montrée à quelqu’un d’autre. J’ai l’impression que c’est là que ça se passe. Et pour vous aussi.

Pauline : Exactement.

Robert Neuburger : Et vous ne pouvez pas tout avoir : la distance et la proximité. Où en êtes-vous avec votre compagnon actuellement ?

Pauline : Nous vivons à quelques kilomètres l’un de l’autre. Nous passons des soirées ensemble, surtout chez lui car il a des sautes d’humeur lorsqu’il vient chez moi. Je suis amoureuse de lui, mais je suis aussi mère et mes filles ont besoin de moi…

Robert Neuburger : Aujourd’hui, lorsqu’une femme se retrouve seule avec ses enfants après un divorce, nombreuses sont celles qui préfèrent rester mères de famille et avoir une relation amoureuse à part, tant la pratique de la famille recomposée est complexe. À ce niveau-là, votre décision est très compréhensible.

Pauline : Vous avez raison, mais mon compagnon ne veut pas envisager une séparation. Il est pris dans un dilemme car il souhaite que nos rencontres se passent bien chez moi, ce qui n’est pas le cas. Ses sautes d’humeur compliquent la situation.

Robert Neuburger : À quel point croit-il à sa bipolarité ?

Pauline : Il a été diagnostiqué il y a quelques années et suit un traitement.

Robert Neuburger : Même s’il a été diagnostiqué ainsi et suit un traitement, il reste responsable d’une part de ses comportements. Cela pose problème s’il attribue toutes ses sautes d’humeur à la bipolarité. Pauline était contente d’entendre les conseils de Robert Neuburger sur la responsabilité de chacun dans la gestion de ses humeurs. Elle avait même suggéré à son interlocuteur de suivre une thérapie comportementale. Lorsqu’il lui demanda si elle-même avait déjà suivi des thérapies, elle admit avoir consulté des psychologues par le passé, mais ressentait le besoin d’en faire une plus régulièrement ces dernières années.

Robert Neuburger encouragea Pauline à rencontrer un thérapeute pour pouvoir parler de ses problèmes et trouver ses propres réponses. Il souligna l’importance de laisser parler librement pour découvrir des vérités sur soi-même. Pauline exprima son besoin d’être guidée, mais Robert Neuburger insista sur le fait qu’une bonne thérapie était celle où l’on ne savait pas où l’on allait.

Un mois plus tard, Pauline confia que sa séance avec le thérapeute avait été transformative. Les questions posées l’avaient directement confrontée à ses problèmes, et elle avait pris conscience de schémas familiaux qu’elle voulait briser. Robert Neuburger souligna que le parcours de Pauline était similaire à celui de nombreuses femmes seules avec des enfants, et que ces questionnements étaient une opportunité de mieux se connaître et d’avancer dans la vie.

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