Patients en quête de sens : la thérapie qui les transforme

par adm
Thérapie : des patients en quête de sens

De plus en plus de personnes en quête de sens

De plus en plus de personnes se tournent vers la consultation non pas en raison de problèmes psychologiques, mais parce qu’elles cherchent un sens à leur vie. La psychologue Inès Weber se demande s’il s’agit toujours de patients ou s’il faudrait les qualifier d' »aspirants », et surtout, comment les accompagner ?

Les nouveaux « aspirants »

De plus en plus de personnes franchissent les portes de nos cabinets – surtout parmi les jeunes – ne sont pas psychologiquement fragiles, instables ou névrosées, mais sont en quête de sens. Elles se posent des questions existentielles auxquelles notre société ne répond que peu ; et elles ne le font pas de manière théorique, mais pour nourrir un véritable « art de vivre » basé sur la justesse, l’authenticité et la profondeur. Peut-on encore les appeler des « patients » sans risquer de « pathologiser » leur démarche ? Le terme « aspirants » ne serait-il pas plus approprié pour reconnaître la valeur de leur quête ?

L’aspirant se distingue en deux points du patient classique selon le modèle freudien. Il ne cherche pas à devenir un individu normal, bien adapté, sans problèmes, mais à s’épanouir en tant que personne unique et entière, même si cela implique un chemin plus difficile et risqué. Soucieux de trouver sa place dans le monde en étant fidèle à sa véritable nature (plutôt que de la sacrifier), il est engagé dans ce que Jung appelle « un processus d’individuation », ou « une voie vers la réalisation de soi » selon les traditions de sagesse. Les difficultés qu’il rencontre ne viennent pas d’une faiblesse ou fragilité, mais au contraire d’une surabondance de maturité intérieure et de vitalité. Bien « ancré dans son centre », il obéit davantage à ses propres lois internes qu’aux exigences externes… ce qui rendra difficile, par exemple, pour lui de rester dans un emploi dénué de sens, d’entretenir des relations superficielles ou d’adhérer à des conventions sociales formelles.

L’aspirant, tout comme le patient, souffre d’un écart par rapport à la norme, mais dans un sens inverse : il n’est pas en moins bonne santé mentale, mais en meilleure santé psychique que ses pairs. Cependant, dans une société conçue pour l’individu moyen, quelles opportunités sont offertes aux natures « plus grandes que nature » qui cherchent à « créer leurs propres possibilités » plutôt que de se conformer aux désirs des autres ? Mis à part quelques héros solitaires, ne risquent-ils pas de se sentir incompris, anormaux ? De se retrouver frustrés ou marginalisés ? Ne sachant pas interpréter leur expérience, les aspirants risquent de développer une image négative d’eux-mêmes et de sombrer dans la dépression ou la culpabilité. C’est ainsi qu’ils se retrouvent sur nos divans. Et c’est tout notre langage, nos méthodes et nos théories que nous devons repenser pour les accompagner. Comme le disait Maslow, « Freud a découvert la psychologie pathologique, il reste maintenant à développer la psychologie de la santé », voire, j’ajouterais, une psychologie qui intègre les aspirations les plus élevées de l’être humain et sa dimension spirituelle.

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1. Selon Karlfried Graf Dürckheim, psychothérapeute et philosophe allemand (1896-1988).

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2. Dans « Avicenne et le récit visionnaire » d’Henry Corbin (Verdier).

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3. Dans « Vers une psychologie de l’être » d’Abraham H. Maslow (Fayard).

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4. Expression nietzschéenne.

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