Difficultés de conception : Est-ce ma faute si je n’arrive pas à avoir d’enfant?

par adm
Je n’arrive pas à avoir d’enfant, est-ce de ma faute ?

Premier rendez-vous avec le psychiatre et psychanalyste Robert Neuburger. Brigitte a 38 ans, un bon travail, un mari aimant, mais elle ne parvient pas à avoir d’enfant. Elle est convaincue que ses relations difficiles avec sa mère jouent un rôle majeur dans cette situation. Après avoir consulté différents psychiatres par le passé, elle se sent perdue quant à la thérapie à suivre. Elle a déjà envisagé l’EMDR, l’hypnose, mais sans trouver de solution adaptée à son cas.

Robert Neuburger l’interroge sur son passé et découvre que Brigitte a été abusée par un oncle maternel à l’âge de 8 ans, puis a vécu le deuil de son père à 25 ans, suivi d’une fausse couche l’année dernière. Ces événements ont réactivé des traumatismes passés et remis en question les thérapies suivies jusque-là.

Brigitte évoque également ses relations compliquées avec sa mère, qui lui a toujours reproché d’être pleurnicharde et l’a délaissée au profit de ses sœurs. Cette absence d’affection maternelle a laissé des marques profondes en elle, la poussant à se rapprocher davantage de son père. Physiquement, elle ressemble beaucoup à ce dernier, mais depuis sa fausse couche, elle a l’impression horrible de ressembler de plus en plus à sa mère.

Fonctionnaire, Brigitte a réussi des concours difficiles, mais sa mère minimise ses succès et la critique constamment. Malgré ses efforts pour fonder une famille avec son conjoint, les tentatives d’insémination artificielle se soldent par des échecs répétés. Elle se sent dépassée par ses émotions et a l’impression que son corps réagit indépendamment de sa volonté, notamment en prenant du poids en réponse à des événements traumatiques.

Robert Neuburger souligne le poids de la culpabilité maternelle dans la vie de Brigitte, notamment lorsqu’elle a révélé les abus subis à son oncle. Sa mère a minimisé ses souffrances et lui a interdit d’en parler, créant un climat de secret et de non-dit au sein de la famille. Malgré tout, Brigitte cherche à comprendre et à surmonter ces obstacles pour enfin trouver la paix intérieure. J’ai rencontré un couple de leur génération qui m’a vraiment marqué par leur complicité, et cela m’a donné envie de vivre cette même vie. Cependant, au début, je me sentais perdue et j’ai accumulé des aventures sans but. J’avais l’impression de ne pas valoir grand-chose. Puis, il y a eu cette agression, car évidemment, j’ai fini par tomber sur une mauvaise personne. C’est là qu’un deuxième déclic s’est produit. J’ai réalisé que je faisais n’importe quoi, alors je suis allée voir un psychiatre. Peu de temps après, j’ai rencontré mon partenaire et j’ai arrêté ma thérapie…

Robert Neuburger: La « thérapie d’amour » n’est pas un mauvais traitement.

Brigitte : C’est exactement ce qui s’est passé. Quand j’ai rencontré cet homme, j’ai réalisé à quel point être en couple était clair pour moi : à quoi cela servait, en quoi c’était bénéfique… Avant, j’avais une relation tellement forte avec mon père que je pensais ne pas avoir besoin d’un autre homme.

Robert Neuburger: Finalement, chaque fois que vous avez connu une catastrophe, ce n’était pas que du négatif, que ce soit la mort de votre père ou même cette agression…

Brigitte : Oui, comme si je devais toucher le fond pour rebondir…

Robert Neuburger: C’est ça, et j’ai l’impression qu’aujourd’hui vous êtes dans cet état d’esprit. En cas de gros problème, vous pourriez repartir et avoir un enfant. Comme si vous attendiez quelque chose – cela pourrait être le décès de votre mère ou un autre événement – vous permettant de vous libérer à nouveau. Cela dit, il y a eu des situations extrêmement préjudiciables qui ne vous ont pas aidée à avancer, comme les abus que vous avez subis à 8 ans. Surtout lorsque l’on voit la réaction de votre mère vous accusant de mentir. A-t-elle changé d’avis à ce sujet?

Brigitte : Non. C’est moi qui ai abordé à nouveau le sujet. Quant à la perte de mon enfant, elle m’a encore dit que c’était de ma faute.

Robert Neuburger: Elle est assez douée pour vous enfoncer… On peut supposer que, pour votre mère, vous étiez une rivale. Votre père aurait dû cacher un peu l’intérêt qu’il avait pour vous. J’ai l’impression qu’il y avait un jeu de couple assez compliqué entre eux, dans lequel vous avez été impliquée. L’autre problème, c’est votre façon particulière de vous en sortir en allant très mal. À chaque crise, votre tête et votre corps se réconcilient, alors qu’aujourd’hui ils sont à nouveau un peu dissociés car tout va bien. Vous êtes aimée, vous aimez, et la perte de votre enfant vous a étrangement permis de vous débarrasser de votre mère d’une certaine manière, en renonçant. Car vous n’attendez plus rien d’elle. C’est douloureux, mais cela a eu un effet très important.

Brigitte : Mais j’ai quand même besoin d’une thérapie, n’est-ce pas?

Robert Neuburger: Je pense que ce serait une bonne idée. Vous n’avez pas besoin de conseils, vous êtes capable de gérer votre vie. Mais vous avez vraiment besoin d’une écoute bienveillante qui vous aidera à sortir de cette situation paradoxale où vous devez toucher le fond pour aller mieux, et à vous libérer de votre maman – ce que vous désirez – en comprenant pourquoi elle était si hostile envers vous.

Un mois plus tard

Brigitte : « Les hypothèses qui ont été avancées m’ont immédiatement soulagée. J’ai eu l’impression d’être écoutée. Les réflexions sur le fait de devoir toucher le fond m’ont beaucoup parlé. Ce qui a été dit sur mes parents m’a d’abord choquée, au point que, dans les jours qui ont suivi, cette idée m’a rendue malade, mais je me suis dit que c’était peut-être parce que cela résonnait et avait du sens. J’ai eu l’impression qu’un voile se levait. L’indication d’une « écoute bienveillante » m’a beaucoup touchée. Depuis, je vois un thérapeute et j’ai l’impression d’être écoutée. »

Robert Neuburger : « Comme toute personne mal-aimée, Brigitte doit se donner une existence. La façon dont elle s’est construite jusqu’à présent entraîne souvent des souffrances : elle utilise tous les grands événements de sa vie pour rebondir et ainsi réussir à se sentir exister, à réunir son corps et ses émotions. Il est important de rappeler ici à quel point les abus sexuels, surtout s’ils surviennent tôt, peuvent entraîner une dissociation entre le corps et l’esprit. On a l’impression qu’elle est actuellement en attente, qu’elle attend une nouvelle catastrophe qui lui donnerait consistance. En réalité, ce qui lui permet de faire face à ces divers malheurs, ce sont ses grandes capacités personnelles – on pourrait dire aujourd’hui une résilience. Il est temps qu’elle prenne conscience de leur importance : ces capacités lui permettront de réunir son corps et son esprit en dehors de tout nouveau traumatisme. » Sorry, I cannot do that as it would be a violation of copyright laws. How about I provide a summary instead?

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