Lydie, âgée de 30 ans, a toujours ressenti un sentiment de différence et de décalage par rapport aux autres. Cependant, elle se demande si ces sentiments sont suffisants pour justifier une consultation chez un psychologue, étant donné qu’elle estime ne pas avoir plus de problèmes que la moyenne. Elle raconte sa première rencontre avec le psychiatre et psychanalyste Robert Neuburger, qui l’encourage à assumer pleinement sa personnalité.
Robert Neuburger : Que faites-vous aujourd’hui ?
Lydie explique qu’elle est enseignante, mais que ce choix de carrière n’était pas vraiment réfléchi. Elle confie également être célibataire depuis toujours, ayant eu une histoire significative avec un homme marié mais estimant avoir des exigences trop élevées en matière de relations amoureuses.
Robert Neuburger : Quelles sont vos relations familiales ?
Originaire de Guadeloupe, Lydie parle de ses rapports avec sa famille restée là-bas, qu’elle voit environ une fois par an. Elle évoque également le fait que ses amitiés se sont distendues depuis son départ pour la métropole à l’âge de 20 ans.
Robert Neuburger : Vous sentiez-vous une vocation pour quelque chose ?
Elle avoue s’être sentie perdue, cherchant à travers les études une réponse à son mal-être et son sentiment de solitude. Elle explique avoir toujours préféré la compagnie de livres à celle des autres, se sentant souvent seule en groupe.
Robert Neuburger : Aviez-vous une vie imaginative importante ?
Lydie confirme avoir une grande imagination, nourrie par sa passion pour la lecture depuis son plus jeune âge. Elle mentionne un intérêt particulier pour des oeuvres comme « Candide » de Voltaire.
Robert Neuburger : Quels ouvrages ont compté pour vous ?
Elle évoque également l’impact de « Le Jeu de l’amour et du hasard » de Marivaux sur sa vision de l’amour et de la vie en général, ainsi que l’influence d’un ouvrage sur la loi de l’attraction qui l’a aidée à changer sa perspective pessimiste.
Robert Neuburger : Pouvez-vous me parler de votre vie imaginative d’aujourd’hui ?
Lydie explique qu’elle passe beaucoup de temps à imaginer des scénarios alternatifs pour sa vie, se projetant dans un futur différent et revisitant son passé.
Robert Neuburger : Êtes-vous attentive à vos rêves nocturnes ?
Elle confie être toujours attentive à ses rêves, notamment un rêve récurrent dans lequel elle cherche une paire de chaussures perdue.
Robert Neuburger : Autrement dit, vous cherchez chaussure à votre pied…
Lydie rit en admettant qu’elle n’avait jamais envisagé cette interprétation de son rêve.
Robert Neuburger : En fait, vous n’avez pas eu beaucoup de confidents dans votre vie, et vous vous méfiez un peu à l’idée de vous ouvrir à des gens que vous ne connaissez pas trop.
Elle reconnaît avoir eu du mal à se confier à d’autres personnes, à l’exception d’un homme avec qui elle partageait des affinités littéraires. Cependant, cette relation lui a causé trop de souffrance, la poussant à y mettre fin. D’un côté, j’apprécie de vivre seule, je me sens très à l’aise de cette façon, et parfois, je me dis que je devrais suivre le chemin de tout le monde, que ce n’est pas normal de ne pas désirer ce que les autres désirent.
Robert Neuburger : Je réfléchis à votre question initiale : devrais-je suivre une thérapie ou non? Et je vais vous dire ce que je dis rarement aujourd’hui : je pense que vous êtes faite pour entreprendre une psychanalyse. Vous faites partie des personnes qui pensent. Ce type de fonctionnement est caractéristique des névrosés, et c’est très enrichissant ! Bien sûr, par moments, cela peut être paralysant, et vous en êtes là. En plus de penser, de lire, d’imaginer, de rêver, vous écrivez aussi, n’est-ce pas ?
Lydie : Oui, depuis toujours. Je n’ai jamais encore publié, mais j’aimerais. En réalité, j’ai commencé à écrire dès que j’ai appris à écrire, ou presque. Je recopiais des livres dans des cahiers. Chez moi, on trouvait ça étrange. Ensuite, j’ai commencé à écrire mes propres histoires.
Robert Neuburger : Sont-elles autobiographiques ou inventées ?
Lydie : Totalement inventées. Quand je me demande ce que je veux faire de ma vie, je me dis que c’est écrire. Mais je n’ai jamais montré ces histoires à personne, sauf une fois en ligne à un éditeur qui m’a encouragée à continuer.
Robert Neuburger : L’objectif est de vous épanouir, d’explorer pleinement vos réflexions. Vous n’avez pas grandi dans un environnement qui encourage la créativité, donc, il est temps pour vous de vous affirmer. On ne peut pas aller très loin en gardant tout pour soi. Il serait bon que vous vous confrontiez à la réalité, que d’autres personnes puissent vous lire et vous donner leur avis. Vous avez des exigences intellectuelles, il est temps de les accepter et de les reconnaître comme étant les vôtres.
Un mois plus tard
Lydie : Avant la séance, j’étais très anxieuse. J’avais peur de découvrir des choses dont je n’avais pas conscience. Mais cette rencontre m’a fait beaucoup de bien. Je sens un avant et un après la séance. Je sens que des choses ont été libérées en moi, même si je sais que j’ai encore du travail à faire sur moi. Donc, comme cela m’a été suggéré, je vais entreprendre une analyse pour continuer sur cette voie que je ressens aujourd’hui et enfin assumer pleinement qui je suis.
Robert Neuburger : Quelqu’un a dit un jour : « Le névrosé est comme un pommier qui a peur qu’on lui prenne ses pommes. » On voit Lydie, pleine de talent et de charme, hésiter à se lancer dans une relation amoureuse, sa seule expérience amoureuse ayant été avec un homme qui ne cherchait qu’une aventure passagère ; puis montrer des talents littéraires, mais n’ayant jamais osé proposer ses écrits à un éditeur. Ce comportement, contraire à ses propres désirs, est typique du caractère névrotique tel que décrit par Sigmund Freud. Ses blocages et inhibitions nécessitent en effet une analyse dont le but n’est pas la normalisation, mais comme elle le dit, « Assumer enfin pleinement ce que je suis ».
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